Mais qui est cette personne qui me parle dans ma tête ?



Dès qu’un individu devient moindrement conscient, il s’aperçoit très rapidement qu’il passe une bonne partie de son temps à se parler à lui-même, en monologues intérieurs.

Mais peu de personnes prennent le temps d’aller plus loin pour comprendre ce qui se passe vraiment dans leur tête. Les neurosciences, et oui encore elle ;-) nous amène à constater qu’en fait il y a plusieurs types de conversations intérieures et que certaines sont  de véritables conversations tenues par plusieurs aires cérébrales différentes du cerveau.

En tant qu’entraîneur sportif, comprendre le fonctionnement et le pourquoi des discours internes de notre cerveau permet de mieux préparer les athlètes au niveau mental. Parler de défusion des pensées internes sans en comprendre le fonctionnement n’est pas très cohérent. ;-)

La plupart des gens moindrement conscients vous diront que leur tête est pleine de mots, d’images et de sensations et peu importe la situation: au moment où il mange leur toast le matin, dans leur bain et même au moment où ils ont une vraie conversation avec un autre être humain.

Il faut d’abord savoir que le discours intérieur n’est apparu que graduellement dans l’histoire de l’humanité. L’introspection que ce discours permet aujourd’hui n’était pas là au début. On va même jusqu’à penser que les gens confondaient parfois leur discours intérieur avec des voix externes qui souvent étaient attribuées à des divinités.

Ces discours intérieurs peuvent même parfois s’avérer dévastateurs et menés à des genres de dépressions existentielles, mais ils peuvent aussi s’avérer d’une utilité incontestable.

En fait ces discours intérieurs peuvent servir différents buts: être plus organiser, devenir plus créatif ou tout simplement réguler nos émotions.

Ça va même plus loin. Certains chercheurs vont jusqu’à dire que ça pourrait nous permettre de mettre en scène des situations sociales qui pourraient se produire dans notre vie réelle et nous permettre de les analyser par des jeux de rôles silencieux.

Essayons d’y voir un peu plus clair. Les psychologues qui ont étudié ces phénomènes ont catégorisé les différents types de discours intérieurs.

Si tu penses dans ta tête "N’oublie pas de ramener le journal" ou encore "Concentre-toi sur ton adversaire", c’est du discours intérieur. Si tu le dis à voix haute, c’est du discours privé.

Comme nous le disions, ces discours intérieurs sont utiles pour différents buts:
  • Planifier
  • Contrôler notre comportement
  • Contrôler nos émotions
  • Favoriser notre créativité
Le discours intérieur est plus fréquent chez l’adulte tandis que le discours privé l’est plus chez l’enfant.

On sait aussi que le discours intérieur a la même structure qu’une conversation à voix haute comme quoi ce serait comme un dialogue entre différents points de vue. Ça nous permet comme être humain de mettre en action de nouvelles idées créatives, ce qui est un trait principal de notre intelligence.

Ça nous permet aussi jusqu’à un certain point de nous auto-réguler. Cette conversation qui se passe dans notre tête amène des questionnements, des réponses, des contestations, des "oui je suis d’accord" et plus. C’est ce qui fait de nous des êtres humains ouverts, flexibles et peut-être sans limites. Je vois déjà certains d’entre vous en douter ;-) Je l’admets, je suis un optimiste...

Allons un peu plus loin. Les neuro-scientifiques ont fini par identifier deux types de discours intérieurs: le monologue intérieur et la conversation intérieure. Le monologue étant quelque chose comme lorsque vous imaginez le discours que vous allez faire dans telle situation. Tandis que dans le dialogue intérieur, vous discutez vraiment avec une autre personne imaginaire.

La particularité du dialogue intérieur, c’est qu’il met en jeu des parties du cerveau qui ont leurs mots à dire dans la cognition sociale qui nous permet de nous représenter ce que les autres pensent, croient ou désirent. Ça n’apparaît pas dans le monologue intérieur. 

Tout ça demande à être confirmé par les neuro-scientifiques, mais cela démontre qu’un dialogue intérieur engage différentes parties de notre cerveau qu’un monologue intérieur n’engage pas.

En tant qu’entraîneur sportif, cela m’amène à penser que les athlètes qui font du dialogue intérieur plutôt que du monologue intérieur ont un cran d’avance. Mais à mon avis, tout le monde peut apprendre à faire du dialogue intérieur.

Disons que déjà là, nous avons pas mal de questions à nous poser tant en qu’être humain conscient que, surtout de mon côté, en tant qu’entraîneur sportif spécialisé en préparation mentale.

Mais les neurosciences ne s’arrêtent pas là. Les chercheurs ont fini par s’apercevoir que les zones du cerveau sollicitées n’étaient pas les mêmes pour un discours intérieur spontané versus un discours intérieur demandé sur commande. 

En tant qu’entraîneur sportif, on demande souvent à nos athlètes de contrôler leurs pensées. Et là on s’aperçoit que les zones du cerveau affectées par le "sur commande" sont différentes de celles "qui sont sollicitées naturellement". Il va falloir attendre encore un peu afin d'avoir plus de résultats de recherche pour comprendre ce que ça signifie vraiment. 

Les chercheurs se sont aussi aperçus que lorsque nous nous parlions à nous-mêmes, nous utilisions une forme condensée du langage. C’est comme si lorsqu’on se parlait à soi-même, ça ne valait pas la peine d’utiliser de "grandes phrases".

Le discours intérieur se distingue aussi par l’utilisation du « je » ou du « tu » quand on s’adresse à soi-même : « Je dois passer à la banque » ou « Allez, tu vas y arriver, encore un coup! ». On croit que l’utilisation du « je » serait davantage associée aux tâches de planification et de réflexion; quant au « tu », il serait davantage employé pour s’auto-réguler ou s’auto-motiver, un peu comme si on portait un regard extérieur sur soi et sur ses gestes.

Tout ça amène d'autres pistes de réflexion intéressantes pour un coach préparateur mental. Ne faudrait-il pas apprendre aux athlètes à utiliser le "tu" dans un cadre de dialogue intérieur, plutôt que le "je" dans un cadre de monologue intérieur.

Et voilà, j'espère par ce petit texte vous avoir démontré l’utilité de l’intérêt que nous devrions porter au fonctionnement du cerveau via les neurosciences tant dans notre vie de tous les jours que dans l'entraînement d'athlètes de haut niveau en termes de préparation mentale (contrôle des pensées, gestion des émotions).

Références pour aller plus loin:

Démystifier notre voix intérieur

Le discours intérieur, une fenêtre sur l'esprit

Modifier son discours intérieur

















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