ÊTRE ADULTE, C'EST ÊTRE INDÉPENDANT OU AUTONOME ?

Être adulte c'est être autonome et non indépendant.

Il n'y a pas très longtemps, au hasard d'une conversation, quelqu'un m'a amené à me rendre compte que j'avais confondu ces deux notions une grande partie de ma vie. Pourquoi ? En grosse partie à cause de mon éducation européenne où l’on valorise l'indépendance plutôt que l'autonomie. Pour mes parents, il fallait que je sois débrouillard. À 18 ans, je ne vivais plus chez mes parents et je me débrouillais par moi-même à tous les niveaux. Je voulais prouver mon indépendance. Je suis devenu indépendant et j'en étais fier.

J'ai fini par comprendre qu'une grande partie des mes difficultés en tant qu'ado et même en tant qu'adulte provenait de cette confusion des notions.

L'indépendance

L'éducation à l'européenne favorise l'indépendance. Qu'est-ce que l'indépendance? C'est de vouloir faire tout par soi-même, mais surtout sans l'aide des autres. Quand on aspire à l'indépendance, on essaie de tout faire par nous-mêmes sans avoir recours aux autres de façon à ne rien devoir à personne. On veut être débrouillard. On ne veut rien devoir, surtout à des personnes qui auraient pu nous proposer leur aide. Pour la personne indépendante, avoir besoin de l'autre, ça démontre de la faiblesse et ça peut aller jusqu'à le faire souffrir. Certes, j'ai aidé beaucoup de monde tant dans mon adolescence que dans ma vie d'adulte. Mais j'ai toujours refusé l'aide des autres. J'étais capable de me débrouiller par moi-même. On peut presque dire que j'étais égoïste. Chose certaine, j'étais individualiste.

L'adulte autonome

Et c'est là qu'on m'a expliqué qu'un véritable adulte va, quant à lui, rechercher l'autonomie plutôt que l'indépendance. Est-ce à dire qu'il ne sera pas individualiste? Pas nécessairement. Je pensais être une personne autonome, mais en fait il me manquait un élément essentiel.

Une personne autonome possède beaucoup de ressources. Elle est créative. Elle est autodidacte. Elle est débrouillarde aussi.

Elle peut même être parfois individualiste. Certaines personnes autonomes préfèrent cheminer seules plutôt que de faire partie d'un groupe. Je suis ce type de personne. Je me réalise mieux seul. Je vais chercher le meilleur de moi-même en solitaire. Je me sens plus libre de mes actions lorsque j'agis et je pense en solitaire.

Certains me diront même quelque peu antisocial. Au contraire, je suis social et je comprends très bien la nécessité et le bienfait des collectivités. Je suis entraîneur sportif, et je préfère être entraîneur dans un club plutôt qu'être un entraîneur privé.

Et donc ce qui différencie la personne autonome de la personne indépendante, c'est son ouverture aux autres. Elle n'hésite pas à offrir son aide à quelqu'un qui en a besoin, mais sans vouloir s'imposer à tout prix. Et contrairement aux personnes indépendantes, les personnes autonomes savent aussi demander de l'aide quand elles en ont besoin, tout en respectant bien sûr la disponibilité des autres.

Et c'est là la partie qu'il me manquait pour être un adulte autonome. 

Le paradoxe

Il y a tout un paradoxe, à ce sujet, dans ma vie d'entraîneur sportif. En tant que "coach", je me suis toujours fait un devoir de développer rapidement des joueurs autonomes. Dès qu'ils atteignent 16 ou 17 ans et que je vois un degré d'autonomie suffisant chez eux, je leur donne la possibilité de s'entraîner de façon plus individuelle, même plus individualiste. Je les "check" du coin de l'oeil et j'interviens quand c'est nécessaire. Les joueurs s'entraînent entre eux, s'entraident entre eux, mais surtout ils viennent chercher mon aide quand c'est nécessaire. S'ils ne viennent pas chercher mon aide quand nécessaire, pour moi ils ne sont pas encore autonomes.
Dommage que je ne me sois pas "coaché" moi même, j'aurais appliqué ça plus vite dans ma propre vie. ;-)


Pour aller plus loin dans cette réflexion:

Liberté, indépendance et autonomie


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